Conclusions

Le pied d’un patient diabétique est considéré comme un pied à risque, et ce d’autant plus qu’interviennent certaines complications du diabète altérant l’innervation du pied (neuropathie périphérique) et/ou sa vascularisation (artériopathie oblitérante des membres inférieurs). Les déformations anatomopathologiques, acquises, contribuent à accroître les traumatismes du pied, certains facteurs généraux rendent la surveillance des pieds difficile au quotidien ou précipitent le risque infectieux (mauvais équilibre glycémique, hygiène déficiente).

On estime que 25% des diabétiques présenteront une ulcération du pied au cours de leur vie. Cette réalité doit pousser les diabétiques à faire évaluer leurs pieds au moins une fois par an pour détecter la présence de facteurs prédisposant à l’ulcération et à l’amputation.

Une bonne prise en charge doit s’accompagner d’un rappel des mesures préventives et d’une dispensation de conseils au patient.

L’éducation du patient diabétique doit cibler le savoir, le savoir-faire et le changement des comportements à risque.

Ceci nous a poussé à rédiger un guide de bonnes pratiques pour la prise en charge du pied diabétique en Tunisie. Une meilleure formation des soignants est donc impérative pour une meilleure éducation des patients et une meilleure prise en charge.

Un programme basé sur la formation des soignants et une amélioration de leur connaissances et pratiques permettra de prévenir les troubles trophiques du pied et relèvera le défi de voir diminuer le nombre d’amputations dans notre pays. Il faut également faire le plaidoyer pour une approche multidisciplinaire, le développement de mesures préventives et du rôle fondamental du podologue dans la prévention primaire. Nous proposons les recommandations suivantes:

. Imposer la consultation mensuelle chez un podologue des diabétiques porteurs de pied à risque Grade 2-3 qui sera remboursée par la CNAM.

. Faciliter la relation entre les acteurs de santé libéraux et les structures de soins spécialisées hospitalières.

. Développer des réseaux et des filières de soins permettant la prise en charge active et précoce.

. Créer des unités "pieds diabétiques" où les patients pourront consulter aussi bien pour l'éducation que pour les soins et la cicatrisation. L'unité doit comprendre, un diabétologue, un angiologue, un podologue, un kinésithérapeute et des infirmières.

. Les unités "pieds diabétiques" doivent figurer aussi bien en hospitalier qu'au secteur privé pour une optimisation de la prise en charge.